Le troisième sexe en Thaïlande

miss tiffany
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Le troisième sexe est très présent en Thaïlande, mais les rencontres horizontales
avec ces androgynes amazones restent le plus souvent des jungles secrètes.
Dérangeant et captivant, ce petit livre décapant, à ne laisser ni à portée des
enfants, ni à celle des “bien-pensants”, ne laissera personne indifférent.
Son titre : Androgeniaandrogenia

Voilà un livre dans lequel on entre à reculons. Au premier abord, on se demande
avec une certaine appréhension si la description par le menu des ébats d’un
amateur de plaisirs transgressifs avec de sulfureuses créatures
masculo-féminines va nous dégoûter, nous ennuyer ou bien pire… nous
émoustiller.
Et pourtant, on entre d’emblée sous la plume fluide de Pierre Etchart dans une
forme d’intimité avec ce monde parallèle et interlope, qui fascine et
déconcerte, tout en conservant une certaine distance avec l’action. Que l’on
soit vaguement écœuré par une cuisine un peu trop riche en fluides corporels
baroques, ou bizarrement touché par la célébration d’une beauté inattendue dans
les courbes que parcourt l’auteur avec avidité, on se surprend à déguster avant
tout les mots et les phrases, savamment lubrifiées.

La forme narrative choisie d’un carnet intime, l’humour omniprésent et la
fausse simplicité de l’écriture dédramatisent la transgression et humanise sans
banaliser. Humain, voilà un maître mot de ce récit ou l’auteur raconte sans
théorisation ni prosélytisme, des ébats sulfureux avec moult détails
franchement pornographiques, mais aussi en toute simplicité la vie de ces
créatures nocturnes aux marges de la société, que l’on découvre, finalement,
dans une surprenante normalité.

Et ce verbe ! Ce vocabulaire ! Cette langue si riche et si bien pendue
qu’aucune des zones scabreuses où elle s’aventure avec gourmandise ne peut lui
ôter sa fraîcheur. Crue, mais soignée, drôle et subtile, cette verve priapique
est manifestement celle d’un vrai obsédé des plaisirs textuels, bien au-delà
même de l’exultation de la faible chair.

De ces jeux interdits, l’on retient l’essentiel : ceux des mots. Le style est à
la fois si direct et si subtil, qu’il désamorce presque complètement le malaise
que le sujet peut engendrer, c’est là un beau tour de force. Pour qui connaît
un peu Pierre Etchart, sous d’autres pseudonymes et surtout sous son vrai nom,
il n’y a là rien d’étonnant, tant cet aventurier érudit, amoureux de l’Asie
éternelle et de ses plaisirs multiples, possède ce talent de rendre luxuriants
les sujets les plus arides, le pouvoir de transmuter un sujet plombé en livre
d’or.

Quelques critiques:  ________________________________________

Quelle verve ! Quelle secousse ! Quel jus ! Quelle santé, aussi ! Au mot «
santé », sans la moindre hésitation, j’ajoute un « i », un « e », un « t », ce
qui donne le mot « sainteté » – à ne surtout pas confondre avec « saleté ». Car
c’est du propre, Etchart ! Du qui brille, du qui défonce, du qui honore, du qui
aime. Notre Pierre est un agitateur de mots, un remueur de verbes et non de
merde, un fomentateur de bons coups. Et le bon coup, visiblement, c’est lui. Il
joue en con – et non au con –, en cul, en bouche. Il joue/jouit en mot, en
verbe, en rythme. « “Fuck me ! me cries-tu, raeng-raeng ! (plus fort !)” Je
pars au trot, puis au galop, je m’emballe jusqu’à m’écrouler au dernier saut
d’obstacles, m’effondrant en hennissant, dégringolant, haletant, le museau
enfoui et envapé dans la soie capiteuse de ta crinière. » Alléluia, Pierre ! Et
quand tu te fais bistouquer par un ladyboy, c’est pour la jouer sport – un peu
aussi par charité. « Je ne me sens pas du tout comme une femelle qui se fait
mettre. Je suis toujours le mâle dominant, mais je me mets sur un pied
d’égalité, pour être juste fair-play, poli, courtois, et recevoir mon hôte
comme il se doit. »
Un être bienfaisant, assurément, ce Pierre ! Bouddha est en lui, c’est certain.

Cyril Namiech (auteur de Thaïlande guili-guili – Éditions Gope), à chaud, juste
après la lecture de Androgenia. ____________________________________

De la dynamite transtextuelle… quel talent !
Dans une langue pleine de verdeur et de vigueur, l’auteur raconte avec un
talent rare ses amours tarifés à Pattaya avec des filles et des transsexuels
thaïs (kathœys). C’est brillant, enlevé, plein de verdeur et de fougue.
L’impression d’être là-bas, de prendre sa douche dans une chambre de passe, de
s’essuyer avec la serviette élimée. Quelle langue ! Quelle verve ! Une superbe
claque littéraire. Attention, ça décoiffe, chochottes s’abstenir, c’est pour
les grands garçons. Ceux qui n’ont pas froid aux yeux.

Un petit extrait :

« Avec son minois angélique et ses accroche-cœur, pensant que je pouvais avoir
un doute sur sa féminité, elle me fait, en me regardant droit dans les yeux : “
I’m a ladyboy, you know ? ” Au cas où je n’aurais pas percuté… »

On a envie d’en reprendre, de risquer l’overdose. Un talent vient de naître,
c’est rare. Espérons que ce texte n’est que le premier d’une longue série.

À consommer sans modération. D. Cohen

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